Bertrand Chamayou au Festival de Musique de Menton

Le 3 août 2020


Les enregistrements, les différés, les retransmis, dont nous sommes saturés depuis six mois que la porte des arts nous a été fermée, font croire que la musique est abstraite. La musique est charnelle, pas seulement pour l’interprète. Sinon, d’où viendrait ce frémissement de tous les membres qui vous parcourt l’épiderme, vous frissonne dans les muscles, vous fait battre le cœur en comblant votre esprit, votre âme ?
On l’avait presque oublié : Le concert de Bertrand Chamayou est venu nous rappeler que la musique en boîte, c’est pour les jours de jeûne lorsque l’on n’a rien d’autre à écouter. Mais qu’on entende un pianiste de cette stature, on retrouve un bonheur interrompu.

Bertrand Chamayou, au festival de Musique de Menton,
3 août 2020.

Chorégies d’Orange 2020, une « nuit magique » à la gloire de Roberto Alagna

Concert Covid aux Chorégies d’Orange, « nuit magique ».
Spectacle diffusé le 1° août 2020 par la 5.

« L’art ne s’arrête pas, on ne peut pas arrêter la musique. »
Roberto Alagna.

LUI : LES LARMES DES ÉCRANS

La « nuit magique » des Chorégies d’Orange, version Codid-19 de l’an 2020 a été conçue à la gloire de Roberto Alagna. On y voit, intégré au montage final, en plus des airs enregistrés pour la retransmission du 1° août, une projection de son Recitar (extrait de l’opéra complet Pagliacci donné avec Cavaleria Rusticana) et O souverain, extrait d’un concert, car il n’a pas chanté Le Cid en entier à Orange.
Le spectacle, à l’intérieur duquel il a construit le sien, avec Aleksandra Kurzak, a été enregistré dans un hémicycle désert. En deux arias et un duos, il illustre ce qu’il a dit un moment plus tôt :
«  L’art ne s’arrête pas, on ne peut pas arrêter la musique ».

Roberto Alagna, deux Roméo de légende à Londres et à Orange, plus un au Metropolitan

À Nicolas Joël, in memoriam.

DEUX MISES EN SCÈNE DE NICOLAS JOËL

Ci-dessus, au ROH, en 1994.

Le 24 juillet 2020 retransmission Metcovid

Un DVD du Royal Opera House conserve la mémoire d’un triomphe  étourdissant qui valut à Roberto Alagna des acclamations triomphales, des pluies de fleurs, un Oliver Award. Ce spectacle a été suivi par celui des Chorégies d’Orange, enregistré par France 2, le 7 juillet 2002. Pour le public, c’était révélation sur révélation. La cavatine du deuxième acte déclenchait des tonnerres qui se succédaient jusqu’au final. Les spectateurs criaient de bonheur. Depuis qu’on l’attendait, le Georges Thill de notre temps, avec une prononciation moderne, il était là ! l’Alfredo Kraus avec les flammes du soleil dissipant les ombrages de la forêt viennoise, c’était lui ! Et lui, c’était ce timbre unique, à aucun autre comparable. Il comblait une attente alors !

Avec le baryton Richard Rittelmann, premier concert vivant après cinq mois d’enfermement

Le 16 juillet 2020

Près de Grasse, bâti avec des rêves et une fortune c’est un décor qui semble toscan avec un mélange d’arbres et de bâti, de fresques qui se déroulent sur les murs et aux plafonds, de colonnades, de bassins aux nénufars, de lustres enlacés par des rampes de fer forgé, de terrasses en pierre cuite, de portes cloutées et de passages surbaissés, d’objets rares, d’un temple à l’amour dans un cadre de verdure.

« Manon Lescaut »avec Roberto Alagna et Kristine Opolais, l’unique feu d’artifice du 14 juillet covid 2020

Les retransmissionsCovid du Metropolitan
14 juillet 2020

AVANT DE COMMENCER

Alors, ça continue, les stades rouvrent, les raves parties sauvages, on peut s’y entasser de toute la France, pendant des jours et des nuits d’affilé, sur les plages, les gigots coutumiers rôtissent au cuisse à cuisse , cafés et restaurants sont entassés à boire et se goberger, comme si Pompéi leur tremblait sous les pieds, il y a des concerts publics, même classiques, mais les festivals, quand ils n’ont pas annulé, jouent à huis clos, le courageux petit Favart a rouvert, louant une place sur deux et exigeant le masque, mon Dieu, trois heures d’Opéra avec un masque sur le nez, je ne tiendrai jamais, j’aurais l’impression de ne pas entendre, ça bouge un peu côté musique, bouche à bouche aux grands noyés ; mais lui, le plus grand ténor, quand on le reverra, on n’en sait rien ; sa Carmen au Stade de France reportée aux calendes, son premier Lohengrin cet hiver à Berlin, on n’en sait rien. Il est vrai qu’il faut le protéger. Si le public se masque ; lui, qu’est ce qu’il va faire ? Duos d’amour à distance sanitaire ? Tout le monde crâne et tout le monde vit un cauchemar.

« Shakespeare Les feux de l’envie » de René Girard

Le fou, l’amoureux et le poète,
Sont d’imagination tout entiers pétris.
Shakespeare, le Songe d’une nuit d’été.

Dans les vieilles maisons où se succèdent les générations, il y a des entassements de livres et parfois vous tombez sur un qui semble neuf comme ce Shakespeare, Les feux de l’envie de René Girard, surgi en plein confinement, un jour où je me persuadais qu’il fallait ranger. La traduction française a trente ans (Grasset, 1990).

Le Suicide de Lucrèce, Lucas Cranach l’Ancien, Cracovie, Pologne.

Pavarotti, le géant

Les retransmissionsCovid du Metropolitan

La bouche immense où s’engloutit son visage, caverne d’Ali Baba qui enferme les trésors de sons extraordinaires, d’une force ahurissante, d’une douceur suffocante, d’une puissance inouïe, portés par un souffle inépuisable où s’engouffrent les vents du génie vocal.

Pavarotti, Il Trovatore, 1988.

« Ma Louise », roman d’Édouard Moradpour, sélectionné pour le Renaudot

Idylle au Quartier Latin

Elle, Louise, petite factrice, jeune, très jeune en tout cas trop pour lui, Arnaud, gynécologue arrivé, marié, père de deux enfants, bon praticien, bon mari, bon père, bon fils. Elle est drôle et cocasse, bouillonnante de vie, lui sent déjà  la naphtaline. Tout les sépare, ce qui les rend irrésistibles l’un pour l’autre. C’est le début de Ma Louise, classique histoire d’amour, en apparence.