Chorégies d’Orange 2020, une « nuit magique » à la gloire de Roberto Alagna

Concert Covid aux Chorégies d’Orange, « nuit magique ».
Spectacle diffusé le 1° août 2020 par la 5.

« L’art ne s’arrête pas, on ne peut pas arrêter la musique. »
Roberto Alagna.

LUI : LES LARMES DES ÉCRANS

La « nuit magique » des Chorégies d’Orange, version Codid-19 de l’an 2020 a été conçue à la gloire de Roberto Alagna. On y voit, intégré au montage final, en plus des airs enregistrés pour la retransmission du 1° août, une projection de son Recitar (extrait de l’opéra complet Pagliacci donné avec Cavaleria Rusticana) et O souverain, extrait d’un concert, car il n’a pas chanté Le Cid en entier à Orange.
Le spectacle, à l’intérieur duquel il a construit le sien, avec Aleksandra Kurzak, a été enregistré dans un hémicycle désert. En deux arias et un duos, il illustre ce qu’il a dit un moment plus tôt :
«  L’art ne s’arrête pas, on ne peut pas arrêter la musique ».

« Manon Lescaut »avec Roberto Alagna et Kristine Opolais, l’unique feu d’artifice du 14 juillet covid 2020

Les retransmissionsCovid du Metropolitan
14 juillet 2020

AVANT DE COMMENCER

Alors, ça continue, les stades rouvrent, les raves parties sauvages, on peut s’y entasser de toute la France, pendant des jours et des nuits d’affilé, sur les plages, les gigots coutumiers rôtissent au cuisse à cuisse , cafés et restaurants sont entassés à boire et se goberger, comme si Pompéi leur tremblait sous les pieds, il y a des concerts publics, même classiques, mais les festivals, quand ils n’ont pas annulé, jouent à huis clos, le courageux petit Favart a rouvert, louant une place sur deux et exigeant le masque, mon Dieu, trois heures d’Opéra avec un masque sur le nez, je ne tiendrai jamais, j’aurais l’impression de ne pas entendre, ça bouge un peu côté musique, bouche à bouche aux grands noyés ; mais lui, le plus grand ténor, quand on le reverra, on n’en sait rien ; sa Carmen au Stade de France reportée aux calendes, son premier Lohengrin cet hiver à Berlin, on n’en sait rien. Il est vrai qu’il faut le protéger. Si le public se masque ; lui, qu’est ce qu’il va faire ? Duos d’amour à distance sanitaire ? Tout le monde crâne et tout le monde vit un cauchemar.

2010/2020 du spectacle à la captation le « Don Carlo » du Met avec Roberto Alagna

Roberto Alagna en don Carlo, Metropolitan, 2010.

Le 2 avril 2020, à 7 h 30 pm, les écrans qui attendaient la retransmission du Metropolitan ont paniqué. Ils espéraient le Don Carlos de Roberto Alagna dans la mise en scène de Nicholas Hytner (2010), on leur montrait Nixon in China avec une obstination d’autant plus vaine que ceux qui avaient voulu y assister s’étaient connectés la veille et que le 2, ceux qui espéraient Don Carlo quittaient en hâte ce Nixon-là, qui est très bon peut-être, je ne sais.

Lire la suite

« Crucifix » et Résurrection, Pâques covid, Pâques carillonnées

Samedi 11 avril 2020

Pâques approche, Pâques est là.
Qui va carillonner les cloches ?

VENDREDI SAINT
« CRUCIFIX »

Ci-dessus : dessin de Victor Hugo avec un crucifix.

Le Vendredi saint, les cloches se taisent pendant les trois jours de l’ensevelissement du Christ pour s’ébranler à toute volée au matin de Pâques.
Il y a trois générations, dans cette ville presque italienne et entièrement confinée, le Vendredi saint, vous n’aviez pas un magasin ouvert. On racontait aux enfants que les cloches ne sonnaient plus jusqu’à Pâques parce qu’elle étaient parties à Rome. Ce qu’elles allaient faire à Rome, les petits, qui n’en savaient rien, écarquillaient les yeux. Les parents racontaient qu’elles allaient à Rome se faire bénir et qu’au retour, elles apporteraient des œufs en chocolat.

Lire la suite

Première planétaire : « Concert À la Maison  » et « Elisir d’Amore »

PLUIE D’ÉTOILES DANS UN MONDE CONFINÉ

Le 25 avril 2020, le Met organise un Gala « À la Maison » (1).
Pour un spectacle comme on n’en a jamais vu, dans une situation que le monde n’avait jamais connue, Roberto Alagna et Aleksandra Kurzak ont choisi de donner une coupe de l’Elisir d’Amore et ce n’est pas du bordeaux mais du champagne.

Il va pleuvoir des étoiles toute la nuit.
Quarante chanteurs, que personne n’aurait jamais pu rassembler sur une scène, chacun cloitré dans sa maison, donnent un concert à toute la terre ! Comme c’est sans prix, le Met l’offre pour rien.

Lire la suite

Quand Andrea Chenier soufflait les bougies d’Alagna, 7 juin 2019 -7 juin 2020

7 JUIN 2019 – 7 JUIN 2020

C’était il y a un an, le 7 juin 2019, Andrea Chénier soufflait les bougies d’anniversaire de Roberto Alagna, cela semble à des années lumières.
Aujourd’hui, comme tous ceux qui ont été happés par un art qui est devenu leur raison de vivre, le ténor se retrouve pire qu’enchaîné, bâillonné.

En scène.


Depuis trois mois on ne l’a pas vu, pas entendu. Il y a eu de petites distractions musicales, si ce n’est pas tout à fait rien, ce n’est pas grand chose. Mais l’art, dans sa grandeur, sa vérité et son mystère, l’art qu’on a vu culminer, il y a un an, avec Andrea Chenier, on ne l’a plus. Le manque est dramatique car nous sommes gavés de reproductions, mais c’est de l’art vivant que nous sommes privés, alors que l’année dernière, le 7 juin exactement…

C’était à Londres.
Le soir de son anniversaire, il a bouleversé l’interprétation traditionnelle et son Chénier transfiguré s’incarnait enfin tel que ne pouvait pas ne pas être le plus grand poète français de son temps, arbitrairement jeté en prison et guillotiné. Alagna a donné au chant du poète, dans sa dénonciation des crimes aveugles, sa passion d’amour, son défi à la mort, la force et la douceur qui sont sa marque. Qu’il ait connu par cœur la vie et l’œuvre de Chénier ou qu’il ait recrée le personnage de l’intérieur, il l’avait comme toujours abordé non pas en interprète mais en créateur pour en faire un flambeau de vérité.

Lire la suite

Roberto Alagna dans « La Rondine », 2009 au Met

Mercredi 15 avril 2020

Les retransmissionsCovid du Metropolitan


Le 15 avril 2020, Le Metropolitan donne, en streaming gratuit, La Rondine. Depuis Don Carlo, où ils s’étaient affolés pour rien, les écrans ont compris qu’on avait juste oublié de leur préciser que 7h30, c’était l’heure de New York – en France, 3h du matin.
Sans la présence de Roberto Alagna, on se demande où le spectacle trouverait son éclat.
La captation, plus attirée par les fabuleuses coulisses du Met que par une transposition sans lyrisme et désordonnée du second Empire aux années folles, se laisse inspirer par le décor de la verrière du troisième acte et les deux duos de la fin où Roberto Alagna est prodigieux.

L’Hirondelle

La Rondine, c’est l’hirondelle. Il en existe trois versions, sa composition ayant été perturbée par la grande Guerre, la Première.
Ce n’est pas l’opéra le plus connu de Puccini. On lui fait des reproches, on l’accuse de légèreté, on le compare, on le dénigre, on prononce à mi-voix le mot d’opérette, mais cela peut-être très joli, une opérette, si elle est composée par Puccini ; et si Roberto Alagna prête ses traits et sa voix à Ruggero, cela devient si beau et déchirant que le dernier duo est un bond dans la tragédie.

Lire la suite