L’année dernière, Aleksandra Kurzak a été Desdémone à Hambourg, après une prise de rôle à Vienne, où elle a conquis le public, en dépit d’une mise en scène obscure à tous les sens du terme. Pour sa troisième Desdémone, où elle retrouve Roberto Alagna à son troisième Otello, elle emporte tous les suffrages à l’Opéra de Paris où, dans la production classique d’Andrei Serban, elle rayonne par son jeu de comédienne autant que par son chant.
Lire la suiteAlagna 2019
Pagliacci avec Roberto Alagna et Aleksandra Kurzak au Deutsche Oper de Berlin
Suite de l’article sur Cavalleria Rusticana
Chapitre 2
PAGLIACCI
1
L’ARRIVÉE DU PETIT CIRQUE DE CANIO
Le corps de Turridu, qui paraissait si vrai quand il tombe à la fin de Cavalleria Rusticana, lorsque Tonio chante le prélude près de lui n’est qu’un vilain mannequin.
Le cheval d’Alfio était un joli camion jaune rieur, très expressif.
Après les applaudissements qui saluent la prestation de Carlos Alvarez, une 15 CV (je crois) fait son entrée.
Le Requiem de Verdi, traduction, analyse et interprétation du 27 septembre 2019, à la Philharmonie de Varsovie
Introduction
LETTRE DE VARSOVIE
Dans le vol Paris-Varsovie, j’ai traduit le Requiem de Verdi, dans lequel je n’arrivais pas à entrer ; c’est si sensible un mot, peut-être que chacun a besoin des siens sur ce type de texte. La traduction littérale est obscure, qu’est-ce que ça veut dire : « que le porte-étendard saint Michel les introduise dans ta sainte lumière »? Il y a un risque d’obscurité dans ce cas. Il est exact d’évoquer la lumière éternelle, mais c’est une expression abstraite, au contraire, en évoquant une lumière sans déclin, vous avez beau être prévenu puisque « sans » précède « déclin », vous le voyez et il vous illumine, ce soleil d’or rouge qui, au lieu de disparaître derrière l’horizon que vous aimez, reste suspendu au milieu de la voûte céleste pour ne plus jamais se coucher. Donc il y a des passages à éclaircir, des choix à faire et même des ajouts. Traduire Marie, sans ajouter Madeleine, alors qu’il est question de la pécheresse, induit d’autant plus en erreur que Verdi fait entendre des accents d’Ave Maria à ce moment. Cela fait, il reste des expressions rebelles à toute traduction, même s’il existe des traductions. La cadence royale des jumeaux grecs : « Kyrie eleison » et « Christe eleison », sonne avec tant de grandeur qu’on les comprend mieux et avec une autre intelligence si on leur épargne la platitude du Seigneur prends pitié. Traduit-on de l’hébreu « amen » et « hosanna » ?
Lire la suiteTrois annonces Alagna. Un disque : « Caruso 1873 », un opéra : « Don Carlo » à Paris et un grand spectacle opératique : « Carmen » au Stade de France
Dans un mois jour pour jour, le 8 novembre 2019, paraît chez Sony un album de Roberto Alagna : Caruso 1873.
A l’Opéra de Paris, le Don Carlo de Roberto Alagna
À ceux qui me reprochent, avec raison, d’aimer tous les spectacles, parce que je ne le publie pas quand je pars à l’entracte – et je n’ai pas de billets gratuits !
DU CHÂTELET À L’OPÉRA DE PARIS LE DON CARLOS DE ROBERTO ALAGNA
ACTE 1
Théâtre du Châtelet, le 26 février 1996.
Mise en scène de Luc Bondy.
Le rideau se lève sur la nuit de Fontainebleau. Du fond du plateau, seul à travers des troncs nus et givrés, dans l’éclairage irréel que crée la neige amoncelée qui continue de tomber des cintres, habillé d’une cape et de bottes écarlates, s’avance l’infant d’Espagne. Alors qu’il célèbre la beauté de la forêt, de la première étoile et rêve à sa fiancée qu’il n’a encore jamais vue, elle, perdue comme lui, portée vers lui par une Providence dont il est impossible de douter dans ce décor enchanté, soudain est devant lui, dans une longue robe, rouge aussi. Émerveillés l’un par l’autre, les fiancés royaux se découvrent en s’aimant : un mariage obligé devient un lien d’amour.
Ils sont en pleine extase lorsqu’un revirement d’alliances les précipite dans le désastre : c’est l’empereur Philippe II, le père de l’infant, qui épouse Élisabeth de Valois, la fiancée de l’infant.
Roberto ALAGNA dans CAVALLERIA RUSTICANA au Deutsche Oper de Berlin, septembre 2019
Roberto Alagna a donné trois représentations de Cavalleria Rusticana et Pagliacci au Deutsche Oper de Berlin les 13, 16 et 20 septembre 2019.
Il a été rejoint dans Paillasse par Aleksandra Kurzak, interprète de Nedda.
Les spectacles ont été précédés par deux répétitions : le mardi 10, Pagliaccio, le mercredi 11, Cavalleria Rusticana.
Chapitre 1
CAVALLERIA RUSTICANA
Des loges à la salle, les coulisses sont bordées de statues religieuses que le chœur va conduire sur la scène pour la procession de Pâques et on longe un échafaudage (photo ci-dessous). Au premier plan, l’escalier conduit les chanteurs jusqu’au pont qu’on voit au fond du cliché. Sur ce pont, qui occupe toute la largeur de la scène, Turridu et Lola se jettent dans les bras l’un de l’autre et font l’amour après les Sicilienne.
Lire la suiteQuand Andrea Chenier soufflait les bougies d’Alagna, 7 juin 2019 -7 juin 2020
7 JUIN 2019 – 7 JUIN 2020
C’était il y a un an, le 7 juin 2019, Andrea Chénier soufflait les bougies d’anniversaire de Roberto Alagna, cela semble à des années lumières.
Aujourd’hui, comme tous ceux qui ont été happés par un art qui est devenu leur raison de vivre, le ténor se retrouve pire qu’enchaîné, bâillonné.
En scène.
Depuis trois mois on ne l’a pas vu, pas entendu. Il y a eu de petites distractions musicales, si ce n’est pas tout à fait rien, ce n’est pas grand chose. Mais l’art, dans sa grandeur, sa vérité et son mystère, l’art qu’on a vu culminer, il y a un an, avec Andrea Chenier, on ne l’a plus. Le manque est dramatique car nous sommes gavés de reproductions, mais c’est de l’art vivant que nous sommes privés, alors que l’année dernière, le 7 juin exactement…
C’était à Londres.
Le soir de son anniversaire, il a bouleversé l’interprétation traditionnelle et son Chénier transfiguré s’incarnait enfin tel que ne pouvait pas ne pas être le plus grand poète français de son temps, arbitrairement jeté en prison et guillotiné. Alagna a donné au chant du poète, dans sa dénonciation des crimes aveugles, sa passion d’amour, son défi à la mort, la force et la douceur qui sont sa marque. Qu’il ait connu par cœur la vie et l’œuvre de Chénier ou qu’il ait recrée le personnage de l’intérieur, il l’avait comme toujours abordé non pas en interprète mais en créateur pour en faire un flambeau de vérité.
CARMEN à la folie, retransmission 2020
CARMEN À LA FOLIE
Le 16 mars 2020, le Metropolitan a démarré sa série de retransmissions gratuites de l’un des opéras les plus célèbres au monde dans une interprétation légendaire de Roberto Alagna et Elīna Garanča, époustouflants dans la mise en scène de sir Richard Eyre, enregistrée le 16 janvier 2010.
Selon le rite du Met, qui change sa rediffusion chaque jour, cette Carmen a été visible pendant 20 heures d’affilée.