Les retransmissionsCovid du Metropolitan
Le 24 juin 2020.
En juin 2020, Orange aurait dû préparer le troisième Samson de Roberto Alagna pour le 10 juillet. Sans Elīna Garanča, mais mis en scène par Jean-Louis Grinda, ce qui permettait d’espérer le meilleur. À cause du covid-19, le spectacle est reporté à l’année prochaine. Le 24 juin 2020, le Met a retransmis le spectacle enregistré le 20 octobre 2018.
Le souvenir qu’on garde des deux Samson et Dalila de Roberto Alagna et Elīna Garanča, à Vienne et à New York, est celui d’un contraste tel qu’on a l’impression qu’on nous a raconté deux histoires différentes, tant il est difficile d’imaginer deux conceptions de la mise en scène plus radicalement opposées.
Il existe un public pour les deux, l’image du temple de Dagon au Met a été applaudie par-dessus la musique.
Mais si on court au bout du monde, c’est pour entendre des voix telles qu’il en existe une ou deux par siècle, capables de transfigurer la réalité, y compris celle des productions ; des voix qui parviennent aux étoiles et nous y donnent accès par cette échelle de Jacob miraculeuse que le Créateur leur a placé dans le gosier.
Roberto Alagna et Elīna Garanča, qui appartiennent tous les deux à la race des grands fauves de la scène, possèdent une étonnante complémentarité du fait de leur extraordinaire capacité de transformation.
Elle est l’une des très rares chanteuses qui enchante le public dans les rôles de travesti. Alors qu’elle rayonne de féminité, de volupté et de sensualité, elle se change comme elle veut en un jeune homme resplendissant de grâce masculine, radieux d’élégance et de séduction virile.
Lui, se métamorphose depuis toujours avec une facilité stupéfiante. S’il est inégalable dans les rôles qui nécessitent une fragilité, c’est qu’il a cette capacité, exceptionnelle chez un homme, de révéler ce qui est féminin dans ses personnages. Il y faut plus d’audace que pour une femme d’endosser un rôle d’homme. Il y a des années, il a créé un scandale avec « la fleur » de Carmen qu’il chantait en bouleversant les idées reçues à l’Opéra, retrouvant l’authenticité du héros de Mérimée, refusant de faire de José le macho traditionnel et décidé à s’inspirer du modèle des castrats, il l’a dit lui-même. Qui aurait pu croire, que quelques jours après avoir donné un Samson éclatant de puissance tragique et de force brisée, il serait, pour un seule soir hélas, un Alfredo tout de grâce juvénile ?
L’étonnante faculté de ces deux chanteurs à comprendre ce qui appartient à l’autre sexe donne à leurs duos une irrésistible séduction et leur permet, contre vents et marées, quelle que soit la production, de restituer la cohérence des œuvres qu’ils interprètent.
On ne peut pas rêver de Samson plus accompli, on ne peut pas imaginer de plus splendide Dalila.
Sans surprise, la captation du Met, rend compte d’une mise en scène ultra kitsch qui jamais n’atteint, dans ces chanteurs à ce point exceptionnels, ce qui est au fond de leurs regards : l’âme même de Samson et de Dalila.
© texte et photos : Jacqueline Dauxois
Voir aussi :
I
Sur Samson de la Bible au livret d’Opéra :
Chapitre 1 :
Chapitre 2 :
http://www.jacquelinedauxois.fr/2018/06/23/samson-et-dalila…u-livret-acte-
Chapitre 3 :
II
Le Samson de Vienne
http://www.jacquelinedauxois.fr/2018/05/22/roberto-alagna-e…e-le-12-mai-2018/
III
Samson en concert au TCE
http://www.jacquelinedauxois.fr/2018/06/18/alagna-les-deux-…-et-15-juin-2018/
IV
Le Samson du Met
https://www.jacquelinedauxois.fr/2018/10/22/lopening-night-du-met-avec-roberto-alagna-et-elina-garanca-dans-samson-et-dalila/(ouvre un nouvel onglet)
et :
https://www.jacquelinedauxois.fr/2018/09/25/roberto-alagna-elina-garanca-dans-samson-et-dalila-au-metropolitan-2018/(ouvre un nouvel onglet)
V
Comparaison des deux mises en scène
https://www.jacquelinedauxois.fr/2018/10/01/samson-et-dalila-roberto-alagna-et-elina-garanca-a-lopera-de-vienne-et-au-metropolitan-de-new-york/(ouvre un nouvel onglet)
et :
https://www.jacquelinedauxois.fr/2018/10/12/roberto-alagna-elina-garanca-images-de-deux-mises-en-scene-de-samson-et-dalila-suite/(ouvre un nouvel onglet)
Il est vrai que la mise en scène du Samson et Dalila de Vienne nous a décontenancé.Allions – nous apprécier cette oeuvre inconnue ? Roberto et Elina ont transcendé leur rôle . Comme le dit Jacqueline c’est là qu’on voit la marque des grands interprètes
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