-Tu n’as pas peur du coronavirus ?
-Ça pue bien trop ici, il serait mangé par les microbes !
-Tu n’as pas peur de mourir ?
-Pourquoi ? On va tous mourir un jour !
(réponse d’un petit garçon de 9 ans qui cherche à manger en fouillant les montagnes d’ordures aux Indes)
La canicule de 2003 s’était limitée à tuer en Europe.
Venu de Chine à l’instar des autres grippes qui tuent, le covid-19 s’est répandu partout, provoquant des réactions politiques à peu près unanimes et des débats au plus haut niveau qui ressemblent à ceux qu’on entendait, au temps des grands-parents, au café du coin. Les cafés fermés sur leur ordre, les chefs d’État ont pris le relais de ces conversations. A quel point tout cela se ressemble est étonnant, sauf que, des palais présidentiels où nos votes les ont installés, nos chefs ont sur nous pouvoir discrétionnaire, y compris celui de nous enfermer.
Depuis le début d’un confinement planétaire, je n’ai compris qu’une chose, c’est que je suis désinformée. Jusqu’à quel point, je ne sais pas. Le caractère évident de certains mensonges ne pouvait échapper à personne. Il y a eu la déclaration stupéfiante qu’on fermait les opéras, théâtres, cinémas, écoles, lycées, universités, et que la population devait vivre confinée, mais qu’il fallait aller voter, le virus restant à l’entrée des bureaux de vote, (certains sont morts pour avoir cru cette affirmation ubuesque – et ce vote n’a servi à rien, les nouveaux maires n’ayant pu être confirmés dans leurs fonctions, ce sont toujours les anciens qui sont en charge de leurs municipalités). Pour Tchernobyl aussi on nous avait assuré que les retombées radioactives ne franchiraient pas nos frontières, mais il valait mieux tout de même ne plus manger de champignons. On a essayé aussi de nous persuader que le masque ne servait à rien, sauf entre malades et soignants, les autres n’en avaient aucun besoin, il pouvait même être dangereux. C’était bon à croire puisqu’on n’en avait pas. Mais maintenant qu’on en fabrique chez nous jour et nuit et qu’on en achète à la Chine, à laquelle nous avions vendu nos stocks, par générosité, il paraît, on peut s’attendre à ce que leur port devienne obligatoire. Pas tout de suite puisque les pharmacies qui affichaient la semaine dernière devant leur porte : « Pas de gel, pas de gants, pas de masques », juste avant Pâques, ont annoncé que : « La vente des masques est interdite au public, ils sont réservés aux professionnels de santé ».
Ce qui n’est pas clair, ce sont les chiffres. On nous en donne continuellement, nous connaissons ceux de tous les pays de toute la planète, avec les pourcentages et les courbes assorties, comment s’y fier? Comment savoir s’ils sont exacts ? Et à quoi servent-ils sans d’autres pour les comparer ? Les autres années, à la même époque, il y avait combien de morts sur la planète, pays par pays, le sait-on ?
C’est comme si on ne mourait plus dans le monde que du covid-19. Qu’il faille de l’application aujourd’hui pour se fracasser au volant, je comprends. Mais chez soi, un AVC, tomber dans l’escalier et se rompre le cou et le cancer, le diabète, les femmes battues (on ne parlait pas d’autre chose juste avant le covid et, avant encore, il y avait eu les viols dans les familles) et les enfants martyrs qui doivent l’être plus encore dans le confinement des haines familiales, tous ceux-là ne meurent plus ? Il y a pourtant eu ce fait divers qui n’ a pas pu être étouffé, à New York, un jeune homme paisible au dire des voisins vivait confiné dans une pièce avec son père. Il l’a éviscéré et débité. Dans les Ehpad, non seulement les vieux, emprisonnés deux fois, puisqu’on leur interdit de quitter leur cellule, perdent la tête ou tentent de se suicider. Du moins ne meurent-ils pas du covid ni du choléra ni de la peste ni de la lèpre, endémique dans certains pays, on avait placardé dans le métro des images poignantes montrant ces horreurs. Et les guerres dans les régions en guerre, on n’en meurt plus? Ni de la faim? alors que vous voyez des enfants gratter les montagnes d’ordures aux Indes pour y trouver leur nourriture.
On ne meurt plus sur la planète que du covid-19. Bonne nouvelle ! Quand il sera éradiqué, nous serons immortels. C’est bien ce qu’on veut. Jeunesse à perpétuité et la mort, plus jamais ! De la science fiction. Un terroriste dérangé nous a pourtant rappelé qu’avec un simple couteau il pouvait faire un petit massacre à lui tout seul, pas de chance pour lui, le terrorisme n’est plus au goût du jour, il est (pour le moment) passé de mode, l’impact publicitaire a été nul, en temps normal, il se taillait un petit succès.
Le discours présidentiel, du 13 avril 2020, annonçait un déconfinement progressif à partir du 11 mai, sauf pour les vieux, enfermés pour une période indéterminée (1). Certains en ont été surpris alors que cette décision de racisme anti-âge est dans la continuité de l’interdiction d’aller enterrer ses morts, de l’enferment des plus âgés dans les mouroir avec interdiction de quitter sa chambre et de recevoir la visite de ses enfants et petits-enfants. Les vieux, globalement considérés comme des prêts à mourir, même s’ils ont du génie, s’ils créent, sen un mot s’ils vivent, seront privés des libertés élémentaires. Et la police leur fera la guerre comme à ceux qui prétendent aller voir leurs parents mourants.
(1) Sur ce sujet du confinement illimité des vieux, il est train de se produire un revirement, qui ne change rien au fond de la question.
Le 15 avril 2020
© Jacqueline Dauxois
Critiquer devient l’occupation favorite . Je suis sceptique sur le résultat du déconfinement puisque il va être aussi perçu comme le fait de ceux qui nous gouvernent et qui nous ont privé …de nos libertés chéries
Mon article du 19 mars 2020 : « Nous sommes des barbares, Antigone au secours! » aurait été un précurseur ? Je m’en réjouis.
https://www.jacquelinedauxois.fr/2020/03/19/nous-sommes-des-barbares-antigone-au-secours/