Le soir du 6 juin 2019, au Royal Opera House de Londres, Roberto Alagna chante la sixième (la septième si l’on compte la générale ouverte) représentation publique de son premier Andrea Chénier. La critique est unanime : « un Chénier d’anthologie », « un miracle », « un ténor qui illumine littéralement la scène » etc.
Le public, comme d’habitude, l’acclame debout.
La Scala vient d’annoncer qu’il va chanter sa première Fedora à Milan la saison prochaine, on va entendre son Amor ti vieta sur scène, dans l’opéra entier. Après ce Chénier prodigieux, on sait qu’il va donner une merveille.
Il a chanté et joué comme un dieu. En sortant de scène, il a signé des programmes, des articles, son Dictionnaire Intime.
Ce soir du 6 juin est particulier.
Il est né un 7 juin.
Il suffit d’attendre minuit, pour fêter l’anniversaire du plus grand ténor acteur que nous avons. Mais ce soir, il est seul, avec des vœux venus du monde entier, entouré de quelques proches, sans sa famille : ses parents, sa fille ainée, son petit-fils ne peuvent pas faire le voyage chaque fois. Il est loin de sa femme et de leur enfant, Malèna.
Ils se rejoindront le 15 juin, à Varsovie, pour Madame Butterfly qu’Aleksandra Kurzak – qui vient d’essayer ses robes de La Traviata à Vérone – va chanter pour la première fois avec Roberto Alagna dans Pinkerton, mais l’anniversaire, c’est ce soir.
Elles le lui souhaitent au téléphone, il parle avec elles, leur montre son gâteau.
Malèna, quand elle était toute petite, pleurait parce que son père ne sortait pas de son téléphone pour la prendre dans ses bras. Les yeux plissées de joie, il leur a donné son rire, son sourire à toutes les deux, le téléphone éteint, il continue de les donner, trop généreux pour laisser voir à ceux qui l’entourent la tristesse que lui cause leur absence.
Ils ne sont pas ensemble ce soir, et combien de soirs sont-ils séparés tous les trois par un métier qu’ils aiment, alors qu’ils voudraient tant se retrouver ?
© Jacqueline Dauxois
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